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Pierre Lenoir – Allégorie partagée de l’Épargne

Un thème traité à la mode Art déco.

 

Cette représentation de l'épargne se distingue par le fait qu'elle a été reprise par de très nombreuses caisses, dans les années trente à l'aune des commémorations des centenaires. L'image est de premier ordre dans la représentation allégorique de l'épargne et vient soutenir le message martelé depuis près de cent ans par les pères fondateurs. En effet, il faut se souvenir que le leitmotiv initial des créateurs était de permettre aux classes les plus défavorisées de se constituer un capital destiné à financer les grands besoins des familles, qu'il s'agisse de coups durs de la vie, de grands projets ou tout simplement d'assurer les vieux jours.

 

Or le démarrage des activités est laborieux, les dépôts sont assez peu nombreux et l'essor ne se produira, pour les premières caisses (Paris, Bordeaux, Le Havre, Lyon etc...), que sous l'impulsion militante des fondateurs à bâtir une communication centrée sur les vertus de l'épargne. Cette campagne vise à démontrer de la manière la plus simple possible comment l'épargne aussi petite soit-elle peut patiemment, avec du temps, permettre de constituer une véritable réserve pour peu qu'elle soit constituée régulièrement.

 

À travers cette communication, deux « institutions » concurrentes dans les mœurs de l'époque sont visées : la loterie et les cabarets, décrits comme des lieux de perdition dans lesquels les classes défavorisées, en particulier les hommes, vont dépenser sournoisement et vainement leur maigre salaire. Les campagnes sur la vertueuse épargne vont ainsi se succéder sans relâche de 1820 jusqu'au début du XXème siècle. Le militantisme de Delessert et La Rochefoucauld parviendra même à obtenir l'interdiction des loteries au niveau national.

 

L’œuvre de Pierre Lenoir s'inscrit dans cette iconographie militante de l'épargne et reprend les deux grands thèmes : l'épargne au secours des vieux jours et la nécessaire vertu de la commencer dès le plus jeune age :

  • L'avers, typiquement Art Déco, est complètement dédié à l'allégorie, sans fioritures, sans détails à l'arrière plan. L'épargne, représentée en femme drapée et bienveillante, couvre de son bras droit les épargne de la famille. De son bras gauche, elle étend un voile de protection sur un couple âgé, assis, droit et regardant fièrement devant eux. À leurs pieds, une corne d'abondance symbolise les bienfaits de leurs efforts.

 

  • Le revers, également centré sur la symbolique, représente un enfant assis mettant une pièce de monnaie dans une urne.

 

Les titulatures avers et revers viennent soutenir explicitement l'allégorie et forment une maxime comme un proverbe.

 

Pierre Lenoir, graveur et sculpteur.

 

Né le 23 mai 1879, à Paris, il est le fils du sculpteur Charles Joseph Lenoir, Directeur de l'école des beaux arts de Rennes de 1881 à 1899. Il commence sa formation dans cette école, sous la houlette de son père et la poursuit à Paris avec comme professeurs Falguière, Mercié, Ponscarme et Chaplain. Il est décoré de la légion d'honneur en 1931.

 

Connu pour un certain nombre de monuments (monument aux morts de Penmarc'h, statue de Richelieu à Luçon, monument de Pontrieux, monument à Théodore Botrel à Paimpol) ainsi que de bronzes (notamment une Vénus à sa toilette), il semble qu'il termine sa carrière comme directeur de l'école régionale des Beaux Arts de Rennes, probablement entre 1948 et le 9 septembre 1953, date de sa mort. Il repose au cimetière du Père Lachaise.

 

Sa production en médaille commence, a priori, au tout début du XXème siècle : il décroche une bourse en 1911 dont il profite pour partir en Algérie. Ce voyage lui inspirera un certain nombre de médailles, pus tard, le thème sera repris et décliné puisqu'on la retrouve pour la commémoration du centenaire à partir de 1834 et plus souvent pour 1835 :

Il est l'auteur de nombreuses autres médailles, pour la Ville de Nice, la mission canadienne en France, le centenaire de la naissance de St Saens etc...

 

La déclinaison du thème au sein des caisses d'épargne

 

La médaille pour les caisses d'épargne semble dater du début des années 30. L'attribution la plus ancienne est 1932, dans sa forme complète, avers et revers au module de 60 mm, c'est une médaille honorifique que l'on a retrouvé pour un Président de la caisse de Mulhouse, en vermeil, et pour un caissier de la caisse de Gravelines, en bronze doré. Sous cette forme, il est possible qu'elle ait été attribuée dans le cadre de la conférence générale des caisse en octobre 1932, elle aurait ainsi précédé celle de René Grégoire.

Plus tard, le thème sera repris et décliné puisqu'on la retrouve pour la commémoration du centenaire à partir de 1834 et plus souvent pour 1835.

Les déclinaisons illustrées ci-contre montrent que les caisses reprennent à loisir l'avers ou le revers qu'elles recomposent avec des motifs dédiés pour lesquels les auteurs ne sont pas connus.

 

Ces différentes médailles sont presque toujours en bronze et ont été frappées par des ateliers privés. Elles se déclinent parfois en bronze argenté ou en bronze doré. Il existe pour certaines caisses, des exemplaires frappés en argent.

 

Les exemplaires retrouvés pour les commémorations du centenaire concernent les villes de Boulogne-sur-Mer et Lorient en 1934, Château-Gontier, Corbeil, Langres, Meaux, Thionville et Vannes en 1935, Clermont-Oise et La Flèche en 1936, Sète en 1938, Roubaix succursale de Croix en 1934 et succursale de Wattrelos en 1939 et Pont-L'Abbé tardivement en 1950.

Références et crédits photographiques

© 2017 par Christophe CHARVE
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