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Henri Dubois – Entre naturalisme et art nouveau

Plusieurs contributions, du classique à l'allégorique

 

Artiste prolifique s'il en est, Henri Dubois ne s'est pas contenté d'une seule création à l'attention des caisses d'épargne. Ces créations concernent des médailles mais également des jetons de présence dont la composition, généralement un peu plus simple, reste parfois éloignée du thème spécifique des caisses d'épargne pour représenter plus avant l'ancrage municipal de l'institution.

 

Parmi ses œuvres figure la série de jetons pour la caisse de Chauny dont les thèmes d'avers sont généralistes (La République notamment) et l'évocation de la caisse est reléguée au revers. On compte également une série de jetons ou médailles au blason de plusieurs villes. D'autres associations avec des travaux de Dubois laissent des doutes sur l'identité du graveur de l'autre face .

 

Au total, au moins 35 villes auront utilisé des gravures de Henri Dubois pour leurs jetons ou médailles : Ambert, Annecy, Baccarat, Sens, Bar-sur-Seine, Baugé, Bernay, Bordeaux, Boulogne sur Mer, Bourg en Bresse, Castelnaudary, Chauny, Dunkerque, Fougères, Honfleur, Joigny, La Flèche, La Roche-sur-Yon, Lannion, Lens, Limoges, Longué, Meulan, Reims, Rochefort, Rouen, St Chamond, St Dié des Vosges, St Quentin, Saintes, Segré, Toulon, Troyes et Valence.

 

Deux œuvres purement dédiées se détachent du lot. La première, pour la ville de Bordeaux, est une composition spécifique et qui ne sera utilisée que par la caisse. C'est une imposante médaille honorifique, connue en argent et bronze et dont la production remonte au moins aux années 1910 et se prolonge jusque dans les années 80.

Médaille en argent pour Bordeaux - 75x57 mm

A mi chemin entre l'art Nouveau et l'art Déco, la composition est naturaliste. À l'avers, l'épargne est incarnée par une femme drapée tenant un bouquet de fleur et un livre, debout devant un coffre-fort ouvert, à ses pieds, une corne d'abondance débordant de pièces de monnaies. Elle fait face à deux autres personnages féminin qui incarnent, d'après Carde, le Travail et l'Abondance. Au revers, les armes de la ville surmontent une vue générale, ornée d'un bouquet de fleurs. Cette importante médaille, de 75 mm x 57 mm a fait l'objet de plusieurs frappes, à la monnaie de Paris, puisqu'on la retrouve à différents poinçons (argent au premier et second titre et bronze).

 

La seconde allégorie est très connue et a été produite pour le compte de nombreuses caisses d'épargne. En avers souvent ou en revers, elle est associée à d'autres composition du graveur ou a de nombreuses autres compositions. Elle a probablement servi, dans un premier temps, d'avers à la caisse nationale des retraites pour la vieillesse (cinquantenaire de la caisse à l'exposition universelle de 1900) puisque pour les caisses d'épargne, les attributions les plus anciennes vues datent de 1901 et 1904).

Médaille en argent pour Valence – 50 mm

La composition est également naturaliste, l'épargne, en femme drapée reçoit les économie d'un enfant porté par son père, travailleur sur fond de paysage agreste. Elle reprend les fondamentaux de l'allégorie porteuse des vertus du travail et de l'épargne et de l'importance de l'inculquer dès le plus jeune âge. Pour la médaille de Valence, le revers est également signé par Henri Dubois, c'est une thème honorifique standard dans lequel un ange au aile déployée, encadré de lauriers, porte un cartouche d'attribution, sur fond de paysage agreste.

Jeton en argent pour Fougères – 35 mm

De nombreuse caisses reprendrons ce thème d'avers que l'on retrouve à différents modules avec des variations sur la position de la signature, en relief ou en creux.

Henri Dubois, fils et petit-fils de médailleur.

Né le 21 août 1859 à Rome, il est le fils d'Alphée Dubois, médailleur et Grand prix de Rome en gravure de médaille et pierre fine en 1955 et petit-fils de Eugène Dubois, médailleur également et rattaché à la Monnaie de Paris sous la restauration. Dans un tel contexte, on ne s'étonnera pas de ce que Henri Dubois ait eu comme premier professeur son propre père avant même de fréquenter l'école des beaux arts de Paris.

 

En 1878, il décroche le deuxième grand prix de Rome en gravure de médaille et pierre fine, date à partir de laquelle il commencera à produire des médailles. Il intègre la Société des artistes français en 1883 et reçoit une médaille d'argent à l'exposition universelle de 1900. Il est fait chevalier de la légion d'honneur en 1903. Il s'éteint en décembre 1943, particulièrement actif au long de sa carrière, il se montre à la hauteur de ses parents en laissant des œuvres qui seront utilisées très longtemps et pour toutes sortes de thématiques.

Exposition Universelle Paris, 1900 – 41 mm - @inumis.com

Cette dernière médaille revêt un caractère particulier. L'avers est de Alphée Dubois, le revers de Henri sans que l'on sache s'il s'agit d'une association pour l'occasion ou d'une composition voulue par les organisateurs de l'exposition universelle.

La déclinaison du thème au sein des caisses d'épargne

 

Pour revenir au thème des caisses d'épargne, signalons, notamment pour Chauny, un ensemble de six jetons de présence, déclinaison des œuvres de Henri Dubois avec des gravures génériques comme les deux Minerve et la lecture.

L'auteur signe également un certain nombre de jetons aux armoiries des villes comme Baccarat et Bernay pour lesquelles la couronne de revers est identique (et présente également à Saintes) et pourrait très probablement être du même auteur. En revanche, la composition pour Dunkerque est beaucoup plus travaillée. Enfin, la médaille de Lens reprend l'allégorie décrite plus haut, le revers quant à lui, s'il n'est pas signé, est également de Dubois, on le retrouve sur d'autres médailles, avec sa signature.

Table des œuvres de Henri Dubois pour le compte des caisses d'épargne

(*) Avers ou revers non signés, possiblement de Henri Dubois

Références et crédits photographiques

© 2017 par Christophe CHARVE
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